Du bon usage de la colère

par | 12 Nov 2003

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Après les clubs de rire, voici les clubs de colère ! Une initiative que l’on doit à Stephen Vasey, gestalt-thérapeute, dont les stages  » Colère et puissance  » connaissent un beau succès depuis une dizaine d’années en France et en Suisse.

Vos stagiaires viennent-ils apprendre l’art et la manière de bien s’engueuler ?

Je dirais plutôt qu’ils viennent apprendre à exprimer leur colère de manière constructive pour eux et pour les autres. La colère est une émotion forte qui nous emporte et que nous ne savons pas utiliser. En général, elle nous envahit tellement que nous ne prenons pas le temps de la reconnaître. Elle nous soumet à une grande pression. Sous le coup de la colère, nous sommes capables de prononcer des paroles blessantes qui nuisent à la communication et créent beaucoup de malentendus et d’incompréhension. Au cours de mes stages, les gens apprennent à identifier leur colère, à la sentir et à mieux comprendre ce qui se passe en eux. J’essaie de leur apprendre à ne pas nier et réprimer leur colère, mais à lui donner une place, (pas toute la place !) pour en faire un bon usage. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir s’arrêter, le temps d’exprimer face à son interlocuteur  » Je suis en colère, je suis fâché, je suis mal, ça ne va pas du tout  » et poursuivre après  » Bon, je vais essayer de te (vous) parler « . La qualité de ce que l’on dirait serait bien meilleure parce qu’on le dirait sans agressivité et sans violence. Cette colère peut nous aider à montrer que nous sommes touché, ou nous aider à affirmer un besoin ou une limite.

Mieux vaut donc, à votre avis, apprendre à exprimer sa colère que la refouler ?

Le problème, c’est que nous apprenons à réprimer nos colères depuis l’enfance. Or, une colère réprimée se  » refroidit « , devient séche, pointue, détournée ou peut se retourner contre nous-même. La colère froide, telle que sarcasmes ou piques, est beaucoup mieux admise dans notre culture, dans les relations de couple, en famille ou au travail. Mais elle fait beaucoup plus de dégâts que la colère  » chaude  » parce qu’elle engendre de la rancœur et des blessures. Elle soulage deux secondes mais elle ne résout rien, elle ne fait pas le contact avec l’autre, elle le repousse.

Quand on a été touché ou blessé, on finit toujours par le faire payer un jour ou l’autre. On est souvent étonné de la violence verbale ou de l’agressivité dont on fait parfois l’objet, alors que c’est une sorte d’effet boomerang. On ne s’est pas rendu compte que hier ou il y a un mois, on avait blessé la personne qui nous agresse aujourd’hui. Mieux vaut donc effectivement apprendre à reconnaître et à exprimer sa colère sur le moment !

Article No 6 paru dans Marie-France Magazine en novembre 2003.
Propos recueillis par Danièle Laufer

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