La femme porte dans son psychisme une part féminine et une part masculine
La psychologie occidentale de ce siècle a bénéficié, grâce à Jung, d’une grande découverte faite par les traditions orientales il y a quelques 5’000 ans :
» Tout être humain, homme ou femme, porte en lui une part de féminin et une part de masculin « .
Ces deux aspects ensemble font de nous l’être que nous sommes.
Lorsque je demande aux femmes et aux hommes, qui participent à mes stages, ce que représentent pour eux féminin et masculin, voici ce que j’entends :
Le féminin est fluide, c’est l’émotion, le ressenti, le sensuel, l’être, le relationnel. L’énergie féminine est semblable à un magma sans contour, infini, mystérieux. Le féminin est réceptivité, mais aussi don de soi, spontanéité, intuition, instinct, subjectivité. C’est la terre, le corps. C’est la nuit, la lune. Le féminin recherche comme valeur ultime l’amour, l’union.
Le masculin est l’axe, la direction, la mission, la vision. C’est aussi la réflexion, l’analyse, la synthèse, la prise de décision, l’initiative, l’action, le cadre, la conceptualisation, l’objectivité. Le masculin est la combativité, l’affirmation. C’est le ciel, le monde de la pensée. C’est la lumière, le soleil. Le masculin recherche comme valeur ultime la libération, la vérité.
Contexte social
Le monde dans lequel nous vivons est régi par des valeurs masculines telles que combat, défi, but et logique. A côté de cela, nous vivons des déserts affectifs et émotionnels.
Pendant des siècles, les valeurs féminines ont été réprimées et continuent de l’être dans la majorité des peuples de cette Terre. C’est un peu comme si une peur profonde du féminin, de son irrationalité, son émotivité et son mystère, avait envahi cette planète.
Pour beaucoup d’hommes, le monde du féminin est attirant, fascinant, autant qu’inquiétant ; il craignent de s’y perdent. Ils redoutent d’être contrôlés ou engloutis par le féminin incarné par la femme, la mère, .…. Ils ont appris à nier le féminin autour d’eux et en eux.. » Un vrai homme ne pleure pas, il ne montre pas ses sentiments, il ne ressemble surtout pas à une femme « .
Glorification des principes masculins par les femmes
Avec les mouvements féministes du 20ème siècle, les femmes ont exprimé et revendiqué leur propre partie masculine. Elles ont démontré qu’elles sont capables d’être indépendantes financièrement, d’avoir une profession, de mener des projets, d’être intelligentes, responsables ; bref, qu’elles sont les égales de l’homme.
Elles ont réveillé et profondément bouleversé les consciences et ont utilisé pour cela des moyens masculins : affirmation, combativité et détermination.
Le féminin oublié
Force est cependant de constater que parallèlement à cette prise de conscience, beaucoup de femmes ont étouffé et dominé en elle leur partie féminine. Elles sont devenues compétentes, efficaces, battantes, combattantes, célibattantes… Le fossé qui les sépare du monde du féminin s’est creusé. Les femmes elles-mêmes ont fini par croire avec les hommes, souvent inconsciemment, que féminin rime avec inutile, passif, trop émotif, et sans valeur.
Mais où en sommes-nous donc avec notre vulnérabilité, notre capacité de lâcher-prise, d’exposer nos émotions, de sentir, recevoir, de vivre l’intimité à laquelle nous aspirons ?
En fait, il y a plus grave que l’attitude des hommes à nier le féminin : c’est la peur et l’oubli de leur propre féminin par les femmes elles-mêmes!
Deuxième étape:
“puis-je rester avec cette question (ouverte): j’ai besoin de quoi dans mon couple, je désire quoi dans ma sensualité et dans ma sexualité?”. Pour certaines personnes cela prendra du temps, les réponses seront parfois, au début, hésitantes, humbles, timides. Il est important de communiquer nos réponses à notre partenaire. Amener cette matière à la surface, qu’elle habite l’espace du couple et de leur communication, la rendre audible, visible et sensible.
Certains couples parlent d’un manque de naturel au début, comme si “ça leur ressemble pas (plus)”. D’où l’importance d’accueillir la sensation artificielle de cette réintégration, se permettre de réapprendre. Se rappeler aussi que cela sera réalisable peut-être, en partie ou imparfaitement. Oui; cela n’est pas grave et absolument naturel dans un tel processus de réhabilitation.
Si nous avons osé engager un peu de nous-même dans ces deux premières étapes; si nous avons pu prendre position et nous avons tenté de répondre à la question du besoin, du désir, alors il y a du sens à proposer une troisième étape:
Elle en découle naturellement: comment, par quel moyen, quoi faire?
Quelques exemples d’actions qui ont aidé des couples:
- – apprendre à bloquer du temps, prendre rendez-vous pour une heure ou une soirée (ou un week-end?) en le notant dans le même agenda que celui du boulot, rire des excuses que l’on trouvera juste avant et s’engager, y aller!
- – se donner un rendez-vous dans un endroit autre, qui ne rappelle pas le foyer familial.
- – créer un espace différent dans le salon ou la chambre à coucher, pour marquer la différence et soutenir une autre ambiance.
- – laisser un des deux partenaires préparer la soirée par exemple, l’un crée le “programme” ou donne la direction, la manière et le lieu, l’autre se laisse emmener et surprendre au plaisir de l’inattendu.
- – se laisser vivre de petites choses, de petits moments, des petits bouts de sensualité, des provocations sexuelles avec sensibilité et humour, ne pas vouloir aller jusqu’au bout, faire monter le désir…
- – adapter ou varier la sexualité. Lui permettre de prendre des formes, des séquences, des intensités, des durées variées. Imaginer, puis expérimenter des approches sexuelles qui sortent de la formule classique et masculine d’excitation (toucher les seins, lécher, puis pénétrer en visant l’orgasme).
Des approches plus féminines incluent la relaxation, n’ont pas de but et vont nulle part.
Les hommes, vous pouvez arrêter de ramer, vous êtes sur la plage…
Les femmes, peuvent, si elles se révèlent un peu de leur secret, initier les hommes à un autre rythme, une autre manière, aux détours et aux surprises de leur désir magnifiquement irrationnel et de leur qualité de contact, leur qualité relationnelle. Et les hommes d’apprendre à recevoir ou soutenir cette différence.
- – développer le réseau de soutien: pouvoir donner (lâcher!) les enfants aux grand-parents, amis et voisins…
- – dire bonjour et embrasser son partenaire avant les enfants.
- – accepter que les enfants réagissent (pour l’instant) aux moments de tendresse des parents. Les soutenir et les aimer dans leur droit à exprimer leur étonnement ou leur réticences. Et se donner de la tendresse, un peu, sans provocation.
- – Lire et relire en couple “Enfant roi, plus jamais ça !” de Christiane Olivier, (il existe d’autres titres sur le même sujet).
- – être capable de parler et d’expliquer aux petites têtes blondes que maman et papa s’aiment, aiment passer du temps ensemble aussi, que c’est grâce à cela qu’eux, les enfants, ont vu le jour d’ailleurs. Et que parfois, c’est bon d’être que les deux, en amoureux.
- – apprendre aux chérubins de frapper avant d’entrer dans la chambre des parents, de laisser ces derniers dormir un matin de temps en temps, alors qu’eux ont ce dont ils ont besoin déjà préparé dans la cuisine ou leur chambre de jeu.
Notre observation est que ce qui marche le mieux lorsque nous expérimentons du nouveau, est ce que nous faisons par jeu, par sport, avec un clin d’œil à soi ou à l’autre, avec un “hé, hé, hé, hé” de sorcière… Parfois, cette petite transgression humble de notre routine débutera par un mot grossier et bienfaisant: “ et puis merde…allez, je me l’offre!”.
La quantité n’est pas nécessaire, les grands espoirs et les grands projets sont le fumier fertile qui nous conduira à plus de frustration ou de découragement. Beaucoup de ceux qui ont rêvé d’enfin prendre un week-end en amoureux, ne l’ont pas pris, ni ont été capable de s’octroyer cinq minutes dans la journée. Cela s’appelle “baisser la barre” et prendre à mesure, se donner pendant que l’on vit déjà autre chose, apprendre à traquer l’instant, à mettre du plaisir et du jeu dans nos activités quotidiennes. Parler à d’autres couples vivant en famille. Cela sera réconfortant et stimulant d’entendre les hésitations et les couacs, mais aussi les idées, les combines, les solutions, les pistes trouvées par eux.
Les parents ont le droit de chercher le couple qu’ils sont. Ils le trouveront par accident et aussi par le désir qu’ils sauront attiser en eux. Chaque goutte de sensualité amoureuse et de plaisir qu’ils savoureront, rebondira de manière heureuse sur les enfants. Certainement.
Article de Nicole M. Magazine EMERGENCE (F), jan-fév.2001
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