J’en ai eu des séparations de couples, d’histoires et d’aventures. C’est toujours douloureux. Cela fait probablement partie du risque d’être vivant.
Des fois je me dis “je deviens un vrai professionnel de la séparation“ ! J’ai expérimenté d’être mon propre thérapeute, je me suis accompagné dans ce processus de passage et à la longue, je le vis moins mal. J’ai appris beaucoup sur les étapes du deuil, je peux humblement dire que je crois avoir réussi certaines de mes séparations…
Dans mon travail de thérapeute de couple, j’accompagne des séparations, c’est toujours très touchant, délicat, c’est souvent difficile ou parfois même dramatique.
Dans cette période historique, deux adultes ont la possibilité légale et la liberté spirituelle et économique de prendre cette décision lourde de conséquences. Nos grand-mères ne pouvaient quasi pas quitter nos grands-pères, elles ne pouvaient même pas ouvrir un compte en banque sans la signature de leur maris !
Comme des chefs, ou comme des gamins
Certains d’entre nous vont s’y prendre de manière correcte, nous pouvons nous séparer “en bonne entente“ et ne pas y rajouter de la douleur, protéger les enfants aussi.
Dans une rupture mauvaise, violente, immature, salir ou détester notre (ex) partenaire, paradoxalement, nous lie par les émotions intenses négatives que cela suscite, au lieu de nous libérer.
La séparation est un processus, elle prend un certain temps, elle comporte des étapes, nous pouvons apprendre à la faire avec davantage de conscience. Nous respecter nous-même et aussi l’autre, prendre soin de négocier et graduellement se libérer l’un l’autre. Parfois nous pouvons même avoir cette sensation de la faire bien.
Injustice
C’est rare de décider de se quitter ensemble, de mûrir la décision et en sagesse et en intelligence terminer les choses le mieux possible… ensemble.
Souvent il y a une inégalité : un des deux partenaires quitte l’autre. Celui qui est quitté est souvent déséquilibré et dans un premier temps, tombe en enfer.
Pas d’accord !
Un couple d’amis ont eu cette expérience particulière :
- Amélia “je te quitte“,
- Xavier (après un jour de réflexion) “non, je ne suis pas d’accord“.
Après encore quelques jours, le couple décida de rester ensemble. Xavier a eu raison de se positionner clairement, même s’il savait qu’il ne pourrait pas la retenir. Chacun a droit à prendre sa place et dire ce qu’il a besoin ou désire.
Fais le boulot toi…
Une autre version, un peu sordide mais très banale, c’est qu’un des deux partenaires s’arrange (inconsciemment) de provoquer une fin par procuration. Il s’absente énergétiquement, n’est plus là, n’est plus ouvert, ou devient lourd et même piquant. Bref il devient tellement insupportable, que l’autre prend les devants pour créer la rupture. Non seulement donc ce dernier ne désire pas une séparation, mais va devoir en porter la responsabilité !?!
Les bonnes et mauvaises raisons de se quitter
Veuillez-vous référer à mon autre blog : Avant de se séparer
Dans un processus de séparation et de deuil, il y a des étapes et différents ingrédients. Souvent nous sommes envahis par une multitude de sentiments en même temps, parfois contradictoires. Les sentiments d’incompréhension, de confusion, d’impuissance, les émotions intenses de tristesse et de colère, nous mènent dans une profonde vulnérabilité
Le choc
Nous ne sommes jamais préparés à l’annonce ou la réalisation que c’est fini. Il y a comme un enfant en nous qui voudrait que cela dure toujours, que cela ne s’arrête jamais. Nous sommes naïfs, romantiques et… très humains.
Lorsque vient le moment fatal, il y a souvent un état de choc, de sidération. “Non , ce n’est pas possible, mais pourquoi, je ne peux pas le croire, je ne veux pas ça“. Comme si notre tête a pris la nouvelle, mais toutes les cellules du corps ne sont pas encore au courant, il faudra du temps !
Les sentiments
Il y en a de nombreux et de les accueillir ou de faire de la place à tout ce maelstrom émotionnel, c’est un challenge.
Il y a tout ce qu’on se raconte, le mental dans son effort de tenter de contrôler l’incontrôlable s’accélère, va dans toutes les directions et alimente encore davantage l’intensité et la confusion des émotions.
Souvent il y a encore des sentiments positifs. Même si c’est dur de l’avouer, nous aimons encore notre conjoint.
Si la séparation s’impose, c’est rarement pour un manque de ressentir l’amour. C’est que la relation est dysfonctionnelle , malade. Nous ne savons plus comme y accéder ou nous n’arrivons plus à partager nos sentiments positifs.
Cela veut donc dire, que nous pouvons entamer une séparation en ressentant encore de l’amour. Montrer de la haine, de l’hostilité ne nous aideront pas à mieux se séparer, bien au contraire.
Une autre mauvaise option c’est de couper, de se dissocier, et d’éteindre une partie de nous sans faire le deuil. Attention, nous les hommes ont tendance à pratiquer cette mutilation cardiaque !
L’attachement
C’est la partie la plus tenace et lente à travailler. Le gros travail à faire est de se détacher.
Ce n’est pas le cœur où il y a l’amour, c’est plus bas, c’est le ventre, les tripes, proche du cordon ombilical. C’est là où nous pouvons sentir comme un vide, le grand manque, un trou d’obus, ça tire et cela nous mets dans une fragilité et une illusion d’enfant : “ je ne peux pas vivre seul, sans l’autre…“
Le détachement est ralenti par toutes nos pensées romantiques et nostalgiques, “ah c’était si bien avant, ah je ne trouverai jamais personne…etc“. Il prend du temps, des semaines ou des mois. De vivre le deuil, pleurer, être en colère de manière saine, être entouré et dépendre un peu d’amis ou de la famille aide beaucoup. Soyez pris dans leur bras et vous avez le droit aussi de vous lâcher, de faire bouger et décharger toute cette lourdeur en faisant du sport, de la randonnée, chanter ou danser à la folie…
Il y a donc un processus de deuil, comme pour une personne décédée, qui va se faire, que nous pouvons soutenir ou freiner. Pour les parents, il y a deux deuils à faire : celui du couple et celui de la petite famille. Dur dur.
Accrochage compulsif
Un jeune homme est venu consulter pour une rupture qui s’éternisait. Il avait été quitté et après trois mois, il en souffrait encore. Je lui ai demandé :
- et vous, vous avez décidé de la quitter ?
- oh non, bien-sûr que non !
- alors je vous propose de faire l’absurde, décidez et engagez-vous mentalement à la quitter de suite
Prochaine consultation, il me raconte qu’après trois jours, de se dire et redire que lui la quittait enfin, lui avait permis de sentir un soulagement dans son ventre, il dormait mieux etc…
Les enfants
Il nous est demandé de solliciter les deux adultes pour prendre en main ce processus douloureux et coûteux en émotions. De la bienveillance, du soutien, et même parfois une collaboration intelligente à deux. Quand ce sont nos “deux enfants intérieurs blessés“ – cette partie de nous émotionnelle et immature, qui le gèrent, alors c’est la guerre assurée. C’est souvent une violence sourde ou visible qui complique ce délicat moment, et s’il y a des enfants, qui les blessent profondément. Les recherches montrent que la mésentente des parents est ce qui fait le plus de mal aux enfants. Dire du mal du conjoint devant les enfants, les prendre à partie ou en otage et les informer de choses qui ne le regardent pas, à leur tendre âge, sont de la maltraitance pure.
Utiliser son enfant comme médicament ou béquille, est aussi un problème. Cette mission est éventuellement glorieuse pour eux, mais complétement inappropriée à leur âge. Nos têtes blondes ont le droit de rester dans leur monde de jeu et d’innocence, et surtout de ne pas participer aux complications des adultes.
Nos chérubins ne devraient non plus pas avoir un problème de loyauté. Les enfants sont constitués des deux parents, dire du mal de l’un va directement les blesser ; c’est grave, c’est criminel. Et ils devront le travailler en thérapie vingt ans plus tard.
La séparation, si elle est soignée, même un peu, a donc beaucoup moins d’impact négatif.
J’ai besoin de le redire, ce n’est pas vrai que de détester l’autre ou lui vouloir du mal va nous aider à nous séparer. Bien au contraire, nous restons liés par l’émotionnel, les coups bas et notre négativité. Même si par impuissance, le seul pouvoir qui semble nous rester est de faire mal, de faire payer l’autre, cette approche nous précipite dans notre propre misère, la victime, et tout le monde en souffre.
De vouloir du bien au père ou à la mère de nos enfants, a un impact positif important. C’est adulte, intelligent, et permet au couple parental de poursuivre sa mission en conscience et en bienveillance.
Il y a de la vie après la séparation, même si ce sera suite à une longue traversée d’un purgatoire difficile.
- Comment garder son cœur ouvert, (ou le rouvrir !), pour soi-même, pour ses proches, pour rester dans la vie.
- Comment tirer de bonnes leçons, nécessaires, pour évoluer et se donner une chance pour la suite.
- C’est possible.
Rituels
Je connais des couples qui ont décidés de créer des rituels pour s’aider à faire ou finir le passage. Le rituel parle à notre inconscient et c’est lui qui a besoin d’être mis à jour…
Par exemple, écrire ou déclamer un mot écrit avec soin et en conscience, utiliser du feu, ou une rivière pour marquer le passage, faire une place pour la gratitude de tout ce qui a été positif…
Amis
Parfois nos ex n’existent plus, parfois ils deviennent nos amis. A chacun son destin et sa philosophie.
Si cela vous concerne, référez-vous à mon blog précédent: Avant de se séparer
Pour rêver… :
“Si vous aimez, vous saurez que toute chose a son commencement et sa fin, qu’il y a un temps pour commencer et un temps pour terminer… Nous remercions notre partenaire : « Tu m’as donné de si précieux cadeaux. Tu m’as donné de nouvelles vues sur la vie, tu as ouvert quelques fenêtres que je n’aurai sans-doute jamais ouvert en étant seul.
Maintenant vient le moment de se séparer et que nos chemins divergent. Sans colère, sans rage, sans rancœur, sans plaintes, mais avec une immense gratitude, avec beaucoup d’amour, avec de la reconnaissance dans le cœur.
Si vous savez comment aimer, alors vous savez comment vous séparer“
Citation d’Osho (Almasta Ed)
Réf: Pour resituer ce sujet dans un contexte historique et sociologique, je vous recommande le Podcast Arte Radio de Delphine Saltel Comment (bien) se séparer
Ça m’a fait beaucoup de bien de vous lire sur ce sujet que je vis actuellement et ça me fait du bien d’observer que je sais sans doute aimer car aujourd’hui nous nous séparons dans le respect mutuel, dans la reconnaissance de tout ce que nous avons pu vivre ensemble et construire. J’ai aimé aussi quand vous dites que l’on se sépare rarement par manque d’amour. Ça me parle car je continue à ressentir de l’amour pour l’homme que je quitte et qui m’a quittée. Mais le chemin est long pour se détacher car la peur est grande. Merci 🙏
Merci pour votre commentaire touchant. J’aime bcp ce que vous écrivez, j’y sens du courage, du coeur, et une reconnaissance de votre résilience. Bonne traversée…
Merci stephan
Je t ai rencontré à Rivoire
On animait tous les deux
J aime bien cet article simple et authentique
Qui donne aussi la complexité de l être humain
Salut à toi !
Katouchka
Merci Katouchka, sympa ton commentaire!